Description

Ce module explore les grands enjeux sociaux-culturels de la littérature et de l'édition. Il se compose de plusieurs séminaires dédiés à une problématique particulière.

Séminaire 1 - Ninon Chavoz

Peut-on écrire « nègre » aujourd’hui ?
Ce cours propose une réflexion sur les enjeux éthiques de l'usage du mot « nègre » aujourd’hui : si le terme est aujourd’hui largement banni outre-Atlantique où il est volontiers remplacé par la périphrase de « N-Word », il n’en demeure pas moins doté d’une histoire littéraire, poétique et philosophique qu’on s’efforcera ici de retracer, à partir de textes empruntés à des auteurs francophones tels que Aimé Césaire, Frantz Fanon et Achille Mbembe. Ce cours sera également l’occasion de s’interroger sur le rôle des « sensitivity readers » ou « démineurs éditoriaux », en particulier à partir du portrait critique qu’en dresse Tania de Montaigne dans son récent roman.

Séminaire 2 - Ninon Chavoz 

La grande littérature a-t-elle oublié l’écologie ?
Ce cours propose une réflexion sur les rapports entre littérature et écologie, à partir d’une exploration des thèses du romancier et essayiste indien Amitav Ghosh, qui reproche au roman (notamment occidental) d’avoir relégué la question climatique aux marges du champ littéraire. L’objectif de ce cours sera d’examiner la validité de telles accusations, qui s’appuient sur une prise de position clairement postcoloniale, et plus fondamentalement, de s’interroger sur les ressorts disponibles pour évoquer la question écologique en littérature. On examinera à ce titre le rôle que peuvent jouer des collections dédiées (comme « Mondes sauvages » chez Actes Sud) et des prix littéraires thématiques (comme le prix du roman d’écologie, créé en 2018).

Séminaire 3 - Marie Marchal

La relecture sensible / le sensitivity reading. 
En prenant appui sur un corpus de textes tirés de la presse francophone (professionnelle ou grand public) depuis 2023, il s'agira de revisiter les tenants et aboutissants de l'émergence de cette "nouvelle" pratique dans  le monde de l'édition de fiction (BD, jeunesse et romans) et la questionner.

L'objectif est à la fois de s'emparer d'une actualité dans le débat public, et de sensibiliser les étudiants pour leur futurs métiers aux "manières" d'éditers. Il s'agira d'une intervention participative, pendant les 4 heures du séminaire, seront proposés : 

• une introduction à la relecture sensible (définition participative)
  - un arpentage des différents articles choisis (distribution des textes en fonction des "camps" "pour ou contre") : lecture et analyse individuelle
  - une restitution des arguments dans une discussion entre deux parties "pour" ou "contre", avec pour objectif le dépassement du manichéisme du "débat", 
  - une ouverture sur des pratiques à questionner dans le champ de la fiction, en faisant des analogies avec d'autres genres éditoriaux,
  - un recentrage sur les réalités du métiers qui dépasse les fantasmes : les métiers du livre, l'agentivité des acteurs et actrices du livre et  un cas pratique : le travail de relecture sensible de Morgane dans le roman Vaisseau mère, et de Laura Nsafou pour la pièce de théâtre Shakesqueer : la querelle, publiés chez Gorge Bleue.

Compétences visées

Problématiser les pratiques éditoriales en tenant compte du contexte socio-culturel

Identifier les différentes dimensions sensibles dans la mise en circulation de contenus

Bibliographie

Séminaire 1 

Tania de Montaigne, Sensibilités, Paris, Grasset, 2023.

Anne Gilbert, Maxime Prévost et Geneviève Tellier (dir.), Libertés malmenées : chronique d’une année trouble à l’Université d’Ottawa, Montréal, Leméac, 2022.

Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, Paris, La Découverte, 2013.

Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence Africaine, 1947.

Séminaire 2

Amitav Ghosh, Le Grand Dérangement : d’autres récits à l’ère de la crise climatique, Marseille, Wildproject, 2021.

Céline Minard, Plasmas, Paris, Rivages, 2021Annie Lulu, Peine des faunes, Paris, Julliard, 2022