Littérature française. Genres théâtraux
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Description
Genres théâtraux - groupe de Sandrine Berrégard
Le cours a pour objectif d'étudier les principales problématiques qui s'attachent au genre théâtral et ce à travers l'analyse d'extraits de textes appartenant à différentes périodes. Nous nous fonderons également sur les discours critiques dont font l'objet des œuvres situées au croisement de la littérature et des arts du spectacle. L'ensemble des documents de cours sera disponible à partir de juillet sur Moodle, et il est fortement recommandé d'avoir en pris connaissance avant la rentrée.
Genres théâtraux
Gr. 1 Mme JASMIN
La "Querelle des femmes", vaste polémique concernant la nature et la place des femmes dans la société, connaît un regain aux XVIIe et XVIIIe siècle, avec le développement des salons, l'accès des femmes à la culture et l'avènement des "précieuses" et autres femmes de lettres. Le théâtre se fait l'écho et le véhicule de ces questionnements. C'est cette querelle que le cours s'attachera à retracer, de Molière à Beaumarchais.
Ce cours vise à développer la culture littéraire des étudiant-es, à leur donner des repères et réflexes méthodologiques sur le genre théâtral et à leur fournir des outils d'analyse critique.
Gr. 2 Mme JASMIN
La "Querelle des femmes", vaste polémique concernant la nature et la place des femmes dans la société, connaît un regain aux XVIIe et XVIIIe siècle, avec le développement des salons, l'accès des femmes à la culture et l'avènement des "précieuses" et autres femmes de lettres. Le théâtre se fait l'écho et le véhicule de ces questionnements. C'est cette querelle que le cours s'attachera à retracer, de Molière à Beaumarchais.
Ce cours vise à développer la culture littéraire des étudiant-es, à leur donner des repères et réflexes méthodologiques sur le genre théâtral et à leur fournir des outils d'analyse critique.
Gr. 3 M. Rumeau (jeudi, 13h-15h) :
Entre le oui et le non : les héroïnes du refus dans le théâtre galant des XVIIe et XVIIIe siècles. Molière (L’Ecole des femmes), Racine (Andromaque), Marivaux (La Double Inconstance)
« […] je n’ignore pas que vous n’avez jamais aimé à être placée ainsi entre le oui et le non […]. »
Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, 1782, lettre CLIII (le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil)
« Dans la bouche d’une femme, « Non » n’est que le frère aîné de « Oui » ».
Victor Hugo, Lucrèce Borgia, acte III, scène 1, 1833
Elevée à l’écart du monde par Arnolphe, vieux barbon qui prévoit de faire d’elle « une idiote » pour la soumettre à ses volontés, Agnès dit d’abord oui au mariage. Pensant naïvement être libre d’épouser Horace, le jeune homme rencontré en secret pendant l’absence d’Arnolphe et pour lequel elle ressent une « inclination », elle comprend vite que son tuteur lui promet un autre destin : devenir, pour lui-même, une bonne épouse. Il s’agit alors d’observer strictement les règles censées constituer le credo du mariage : la jeune fille devra, en toutes circonstances, faire preuve « du profond respect où la femme doit être / Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître ». Dans une scène de répétition au comique glaçant, Arnolphe tente ainsi d’imprimer dans son esprit vierge d’influences extérieures une vision éminemment rétrograde de la société : « Du côté de la barbe est la toute puissance. / Bien qu’on soit deux moitiés de la société, / Ces deux moitiés n’ont point d’égalité : / L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne : / L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne. » Tout l’enjeu de l’Ecole des femmes, comédie versifiée en cinq actes mobilisant tous les ressorts du rire farcesque, sera d’engager une réflexion moderne sur le libre choix amoureux et le désir sexuel féminin, faisant écho aux débats des salons mondains sur les rapports de domination entre les sexes et les diverses manifestations du sentiment. Dans ce qui s’apparente à une initiation amoureuse montrée sur scène, devant un public parisien à la fois fasciné et médusé, Molière ridiculise la figure topique du cocu prédestiné pour livrer une interrogation critique sur la possibilité d’un libre arbitre féminin.
Arrachée aux siens, devenue butin de guerre et esclave livrée au bon vouloir des vainqueurs, Andromaque parvient à retarder la réponse qu’exige Pyrrhus, fils d’Achille et bourreau des Troyens. Délaissant Hermione, princesse spartiate à laquelle il était promis, le roi ne songe plus qu’à Andromaque, l’épouse d’Hector dont son père Achille a trainé le cadavre derrière son char sous les remparts de Troie. Pour obtenir la main de celle qui ne peut que le haïr, Pyrrhus se livre à un chantage odieux : si Andromaque se refuse à lui, il mettra à mort son fils Astyanax, dernier des Troyens et enfant d’Hector. Partagée entre son devoir de mère et la fidélité qu’elle doit au souvenir de son époux défunt, Andromaque, étymologiquement « celle qui combat les hommes », représente, dans la tragédie de Racine, une condition féminine tiraillée entre les figures de la mère parfaite et de l’épouse exemplaire. Par sa ruse, elle parvient à différer continuellement le moment fatidique de la réponse, ouvrant l’espace d’une interrogation inédite sur la suspension du consentement et la possibilité d’une résistance à la domination exercée par les hommes.
Brutalement enlevée par un Prince et soustraite à Arlequin, qu’elle aime, Silvia, jeune « demoiselle de village », rappelle, au début de La Double Inconstance de Marivaux, la situation des belles captives de Molière et de Racine. Cette fois, le « non » s’impose pourtant avec une force implacable dès les premières répliques de la pièce : la jeune femme ne veut rien écouter, rien accepter, rien boire ni rien manger, tant qu’on ne lui aura pas rendu Arlequin, celui qu’elle a librement choisi d’aimer. Au zélé serviteur Trivelin, qui fait valoir l’honneur d’avoir été choisie par son Prince puisque celui-ci « ne [l’]enlève que pour [lui] donner la main », elle oppose un bon sens naturel fondé sur l’évidence du consentement féminin : « Eh ! Que veut-il que je fasse de cette main, si je n'ai pas envie d'avancer la mienne pour la prendre ? Force-t-on les gens à recevoir des présents malgré eux ? » Après cette exposition paradoxale – une comédie peut-elle s’ouvrir par le refus obstiné d’un personnage et le blocage apparemment insurmontable de l’intrigue ? –, Marivaux, jeune dramaturge ambitieux, devra relever le pari de transformer un « Non » en « Oui » à travers un dispositif théâtral propice à interroger la nature et les modalités d’un sentiment amoureux dont le XVIIIe siècle ne cessera de montrer que, surgissant souvent à l’insu du sujet, il ne peut exister que dans la variation et le changement.
En proposant l’étude de ces trois pièces majeures du répertoire, ce cours réfléchira donc aux représentations du consentement féminin et aux relations entre amour et pouvoir dans la civilisation de la galanterie qui se met en place au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.
La lecture des œuvres au programme, dans les éditions indiquées, est obligatoire : plusieurs contrôles de lecture seront prévus au cours du semestre (le premier dès la rentrée universitaire).
Œuvres et éditions au programme :
Molière, L’Ecole des femmes [1662], dans L’Ecole des femmes - La Critique de l’Ecole des femmes, éd. Bénédicte Louvat-Molozay, GF Flammarion, 2022
- Dans le cas où cette édition serait indisponible, on renverra à l’édition de Jean Serroy (Gallimard, Folio classique, 2019)
Racine, Andromaque [1667], éd. Arnaud Welfringer, GF Flammarion, 2017
Marivaux, La Double Inconstance[1723], éd. C. Martin, GF Flammarion, 1999
Gr. 4 M. Rumeau (Vendredi, 10h - 12h) :
Entre le oui et le non : les héroïnes du refus dans le théâtre galant des XVIIe et XVIIIe siècles. Molière (L’Ecole des femmes), Racine (Andromaque), Marivaux (La Double Inconstance)
« […] je n’ignore pas que vous n’avez jamais aimé à être placée ainsi entre le oui et le non […]. »
Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, 1782, lettre CLIII, le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil
« Dans la bouche d’une femme, « Non » n’est que le frère aîné de « Oui » ».
Victor Hugo, Lucrèce Borgia, acte III, scène 1, 1833
Elevée à l’écart du monde par Arnolphe, vieux barbon qui prévoit de faire d’elle « une idiote » pour la soumettre à ses volontés, Agnès dit d’abord oui au mariage. Pensant naïvement être libre d’épouser Horace, le jeune homme rencontré en secret pendant l’absence d’Arnolphe et pour lequel elle ressent une « inclination », elle comprend vite que son tuteur lui promet un autre destin : devenir, pour lui-même, une bonne épouse. Il s’agit alors d’observer strictement les règles censées constituer le credo du mariage : la jeune fille devra, en toutes circonstances, faire preuve « du profond respect où la femme doit être / Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître ». Dans une scène de répétition au comique glaçant, Arnolphe tente ainsi d’imprimer dans son esprit vierge d’influences extérieures une vision éminemment rétrograde de la société : « Du côté de la barbe est la toute puissance. / Bien qu’on soit deux moitiés de la société, / Ces deux moitiés n’ont point d’égalité : / L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne : / L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne. » Tout l’enjeu de l’Ecole des femmes, comédie versifiée en cinq actes mobilisant tous les ressorts du rire farcesque, sera d’engager une réflexion moderne sur le libre choix amoureux et le désir sexuel féminin, faisant écho aux débats des salons mondains sur les rapports de domination entre les sexes et les diverses manifestations du sentiment. Dans ce qui s’apparente à une initiation amoureuse montrée sur scène, devant un public parisien à la fois fasciné et médusé, Molière ridiculise la figure topique du cocu prédestiné pour livrer une interrogation critique sur la possibilité d’un libre arbitre féminin.
Arrachée aux siens, devenue butin de guerre et esclave livrée au bon vouloir des vainqueurs, Andromaque parvient à retarder la réponse qu’exige Pyrrhus, fils d’Achille et bourreau des Troyens. Délaissant Hermione, princesse spartiate à laquelle il était promis, le roi ne songe plus qu’à Andromaque, l’épouse d’Hector dont son père Achille a trainé le cadavre derrière son char sous les remparts de Troie. Pour obtenir la main de celle qui ne peut que le haïr, Pyrrhus se livre à un chantage odieux : si Andromaque se refuse à lui, il mettra à mort son fils Astyanax, dernier des Troyens et enfant d’Hector. Partagée entre son devoir de mère et la fidélité qu’elle doit au souvenir de son époux défunt, Andromaque, étymologiquement « celle qui combat les hommes », représente, dans la tragédie de Racine, une condition féminine tiraillée entre les figures de la mère parfaite et de l’épouse exemplaire. Par sa ruse, elle parvient à différer continuellement le moment fatidique de la réponse, ouvrant l’espace d’une interrogation inédite sur la suspension du consentement et la possibilité d’une résistance à la domination exercée par les hommes.
Brutalement enlevée par un Prince et soustraite à Arlequin, qu’elle aime, Silvia, jeune « demoiselle de village », rappelle, au début de La Double Inconstance de Marivaux, la situation des belles captives de Molière et de Racine. Cette fois, le « non » s’impose pourtant avec une force implacable dès les premières répliques de la pièce : la jeune femme ne veut rien écouter, rien accepter, rien boire ni rien manger, tant qu’on ne lui aura pas rendu Arlequin, celui qu’elle a librement choisi d’aimer. Au zélé serviteur Trivelin, qui fait valoir l’honneur d’avoir été choisie par son Prince puisque celui-ci « ne [l’]enlève que pour [lui] donner la main », elle oppose un bon sens naturel fondé sur l’évidence du consentement féminin : « Eh ! Que veut-il que je fasse de cette main, si je n'ai pas envie d'avancer la mienne pour la prendre ? Force-t-on les gens à recevoir des présents malgré eux ? » Après cette exposition paradoxale – une comédie peut-elle s’ouvrir par le refus obstiné d’un personnage et le blocage apparemment insurmontable de l’intrigue ? –, Marivaux, jeune dramaturge ambitieux, devra relever le pari de transformer un « Non » en « Oui » à travers un dispositif théâtral propice à interroger la nature et les modalités d’un sentiment amoureux dont le XVIIIe siècle ne cessera de montrer que, surgissant souvent à l’insu du sujet, il ne peut exister que dans la variation et le changement.
En proposant l’étude de ces trois pièces majeures du répertoire, ce cours réfléchira donc aux représentations du consentement féminin et aux relations entre amour et pouvoir dans la civilisation de la galanterie qui se met en place au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.
La lecture des œuvres au programme, dans les éditions indiquées, est obligatoire : plusieurs contrôles de lecture seront prévus au cours du semestre (le premier dès la rentrée universitaire).
Œuvres et éditions au programme :
Molière, L’Ecole des femmes [1662], dans L’Ecole des femmes - La Critique de l’Ecole des femmes, éd. Bénédicte Louvat-Molozay, GF Flammarion, 2022
- Dans le cas où cette édition serait indisponible, on renverra à l’édition de Jean Serroy (Gallimard, Folio classique, 2019)
Racine, Andromaque [1667], éd. Arnaud Welfringer, GF Flammarion, 2017
Marivaux, La Double Inconstance[1723], éd. C. Martin, GF Flammarion, 1999
MCC
Les épreuves indiquées respectent et appliquent le règlement de votre formation, disponible dans l'onglet Documents de la description de la formation.
- Régime d'évaluation
- ECI (Évaluation continue intégrale)
- Coefficient
- 2.0
Évaluation initiale / Session principale - Épreuves
Libellé | Type d'évaluation | Nature de l'épreuve | Durée (en minutes) | Coéfficient de l'épreuve | Note éliminatoire de l'épreuve | Note reportée en session 2 |
---|---|---|---|---|---|---|
Epreuve écrite (DM ou écrit sur table) | AC | A | 120 | 1.00 | ||
Test (oral de 10 minutes ou écrit sur table de 60 minutes) | SC | A | 60 | 1.00 |