Littérature française. Genres narratifs

Littérature française. Genres narratifs
Licence LettresParcours Lettres classiques

Catalogue2025-2026

Description

GROUPE 1 : Mme PASTOR 

"Il ne s’effaroucha pas du vice" : sexualité, perversion et utopie dans le roman du XIXe siècle

            La société du XIXe siècle fut parfaitement paradoxale en ce qui concerne son rapport à la sexualité. Il s’opère en effet un processus de musèlement de la sexualité, ce qui a pour résultat une surexposition de cette dernière (Foucault, 1976). Dans ce contexte, il se développe un ensemble de théories visant à réguler la sexualité. Ainsi assiste-t-on à un processus de pathologisation touchant toute sexualité sortant un tant soit peu de l’hétérosexualité. Envahissant les discours, les « perversions » sexuelles s’immiscent dans la littérature. Dans ce cours, nous chercherons à comprendre comment sont construites les figures homosexuelles dans la littérature du XIXe siècle, mais aussi ce qu’elles représentent. Outil au service du romanesque et incarnation de l’état d’esprit d’une époque, les personnages homosexuels peuvent autant être le signe d’une dégradation qu’un symbole utopique. Portant tout un discours politico-idéologique, ils nous invitent à analyser la littérature au prisme de la société. Ainsi, à travers l’étude de La Fille aux yeux d’or (1835) d’Honoré de Balzac, et d’Escal-Vigor (1899) de Georges Eekhoud, nous plongerons au cœur du XIXe siècle et verrons les ressorts romanesques que supposent ces figures ainsi que les questions sociopolitiques qu’elles posent. En introduisant les différents genres narratifs, nous apprendrons alors à analyser le roman et son rapport à la société.

Corpus principal 

Balzac Honoré de, La Fille aux yeux d’or [édition libre]

Eekhoud Georges, Escal-Vigor, Paris, ‎Tusitala, 2017 (https://librairie-quilombo.org/escal-vigor)

Corpus secondaire [Il n’est pas obligatoire de lire ces œuvres : des extraits seront donnés en cours]

Léo André, Aline-Ali, Paris, Verboeckhoven et Cie, 1869.

Rachilde, Monsieur Vénus, (1884), Paris, Félix Brossier, 1889.

Vivien Renée, La Dame à la Louve, Paris, Lemerre, 1904.

GROUPE 2 : Mme LEPETIT

L’envers du roman : critiquer, parodier et démystifier les conventions romanesques

« Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait. [...] Qu'il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai. »

            Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, Paris, Buisson, 1796.

           

***

Approcher la définition et l’histoire du genre romanesque par le biais de ceux qui le tournent en dérision : telle est la ligne directrice que nous nous proposons d’adopter pour ce cours. De Don Quichotte au Nouveau Roman, il est en effet nombre de textes qui souscrivent à la forme romanesque tout en mettant au jour ses artifices, ses automatismes stylistiques et ses facilités narratologiques – autrement dit, des œuvres qui cultivent le paradoxe d’inscrire le rejet du romanesque à l’intérieur même du roman. Cette tendance se décline en plusieurs veines littéraires et formes narratives : la parodie, le picaresque, l’histoire comique, qui connaît son heure de gloire au XVIIe siècle, ou encore l’ « anti-roman », terme qui naît sous la plume de Charles Sorel pour qualifier son Berger extravagant (publié entre 1627 et 1628) et que Jean-Paul Sartre exhumera bien des siècles plus tard dans son introduction au Portrait d’un inconnu de Natalie Sarraute (paru en 1948). Au-delà de la diversité des genres, des veines et des époques, nous nous intéresserons donc à des œuvres qui s’attachent (et s’amusent) à montrer l’envers du décor et les ficelles du romancier, tout en ouvrant chemin faisant de nouvelles perspectives sur la littérature.

En gardant en tête cet axe d’étude, nous nous livrerons donc à une brève traversée de la littérature romanesque française appuyée sur l’analyse d’extraits variés. Nous nous arrêterons sur une œuvre en particulier : Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot, dont la première édition française intégrale (et posthume) date de 1796. Nombre d’ingrédients de cet inclassable roman lui donnent en effet le statut d’un défi lancé au genre romanesque : malice d’un narrateur qui commente le roman en train de se faire, mobilisation de l’esprit critique du lecteur, multiplication des récits enchâssés, distorsion de la structure narrative, goût pour la parodie, mélange des genres, théâtralité de la narration…  L’analyse de cette œuvre et d’autres servira également à s’entraîner au commentaire de texte et à la dissertation littéraire.

La lecture de Jacques Le Fataliste est un impératif et sera attendue dès les premiers cours. Il est recommandé de se procurer cet ouvrage dans l’édition suivante :

·       Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, Gallimard, collection « Folio classique », 2006.

Ce roman sera mis en perspective avec Le Roman comique [1651] de Paul Scarron (Gallimard, collection « Folio classique », 1985), dont la lecture est optionnelle.

GROUPES 3 ET 4: M. SOUHAIT.

Amours contrariées : destins individuels et désordre du monde 

Le cours se propose de suivre deux fils : d’une part, une introduction aux genres narratifs, en adoptant une approche à la fois historique et thématique, reposant sur l’analyse d’extraits variés ; d’autre part, l’étude de deux œuvres narratives. Cette année, notre programme de lecture s’attachera au lien entre destin individuel et (dés)ordre du monde, à travers la question de l’amour.

L’amour, lien d’affinité élective entre deux êtres, est un puissant levier romanesque, mais dont la puissance narrative ne peut exister qu’au détriment des amants, malmenés par le cours des événements et parfois, par le narrateur lui-même. À cet égard, nous proposons de rapprocher un conte philosophique de Voltaire, L’Ingénu, d’un roman de Barjavel, La Nuit des temps. L’efficacité narrative des deux œuvres repose notamment sur le tissage d’un lien entre amour contrarié et désordre du monde. Dans L’Ingénu, dont on a relevé l’inflexion sentimentale par rapport aux autres œuvres de Voltaire, c’est en fait la marche normale du monde qui contrarie l’amour, et tout l’art du conteur est de faire sentir que le monde n’est pas ce qu’il devrait être. Dans La Nuit des Temps, classique de la science-fiction, l’amour se voit contrarié par le dérèglement d’un monde qui dansait sur un volcan. Le narrateur nous conte un amour sur fond de fin du monde, et ne se prive pas de réminiscences de Tristan et Iseut ou de la tragédie antique. Nous interrogerons ce que ces amours impossibles ont à nous dire sur le lien entre itinéraire singulier et ordre social, et peut-être alors, ce qu’elles ont à nous dire sur notre monde à nous.

Se procurer les deux œuvres de préférence dans l’édition indiquée :

·       Voltaire, L’Ingénu, éd. Goldzink, Paris, Flammarion, 2017

·       Barjavel, La Nuit des temps, Pocket, 2012

Compétences visées

Comprendre et connaître les différents genres narratifs

Savoir analyser un personnage de roman

Maîtriser la méthode de la dissertation et du commentaire de texte

Modalités d'organisation et de suivi

Modalités d’évaluation pour le cours "Amours contrariées" : pour l’examen terminal, commentaire composé en quatre heures sur une des œuvres au programme ; pour le contrôle continu, modalités précisées à la rentrée.

MCC

Les épreuves indiquées respectent et appliquent le règlement de votre formation, disponible dans l'onglet Documents de la description de la formation.

Régime d'évaluation
ECI (Évaluation continue intégrale)
Coefficient
2.0

Évaluation initiale / Session principale - Épreuves

LibelléType d'évaluationNature de l'épreuveDurée (en minutes)Coéfficient de l'épreuveNote éliminatoire de l'épreuveNote reportée en session 2
Epreuve écrite (DM ou écrit sur table)
ACA1201.00
Test (oral de 10 minutes ou écrit sur table de 60 minutes)
SCA601.00