Littérature française. Genres théâtraux

Littérature française. Genres théâtraux
Licence LettresParcours Écritures professionnelles, créatives et littéraires

Description

Genres théâtraux
Gr. 1 Mme JASMIN

La "Querelle des femmes", vaste polémique concernant la nature et la place des femmes dans la société, connaît un regain aux XVIIe et XVIIIe siècle, avec le développement des salons, l'accès des femmes à la culture et l'avènement des "précieuses" et autres femmes de lettres. Le théâtre se fait l'écho et le véhicule de ces questionnements. C'est cette querelle que le cours s'attachera à retracer, de Molière à Beaumarchais. 
Ce cours vise à développer la culture littéraire des étudiant-es, à leur donner des repères et réflexes méthodologiques sur le genre théâtral et à leur fournir des outils d'analyse critique.

Gr. 2 Mme JASMIN

La "Querelle des femmes", vaste polémique concernant la nature et la place des femmes dans la société, connaît un regain aux XVIIe et XVIIIe siècle, avec le développement des salons, l'accès des femmes à la culture et l'avènement des "précieuses" et autres femmes de lettres. Le théâtre se fait l'écho et le véhicule de ces questionnements. C'est cette querelle que le cours s'attachera à retracer, de Molière à Beaumarchais. 
Ce cours vise à développer la culture littéraire des étudiant-es, à leur donner des repères et réflexes méthodologiques sur le genre théâtral et à leur fournir des outils d'analyse critique.

Gr. 3 M. Rumeau (jeudi, 13h-15h, Escarpe, s. 0027) : 

De la scène au parterre : Le Cid (1637), Hernani (1830), deux grandes querelles du théâtre français

Coup d’éclat poétique et coup de force dramaturgique, Le Cid, dans sa première version de 1637, consacre le triomphe du jeune Corneille, auteur ambitieux dont la stratégie de carrière repose depuis une décennie déjà sur une revendication de liberté et d’indépendance à l’égard des anciens. Cette tragicomédie à l’intrigue espagnole et romanesque mélange les registres et mobilise toutes les ressources de l’émotion pour peindre les amours contrariées de Rodrigue et de Chimène, confrontés au défi de s’aimer sans renoncer à défendre leur honneur. Succès public considérable, la pièce séduit le parterre dès ses premières représentations et installe durablement la réputation de Corneille dans le paysage littéraire français au point de provoquer la colère des autres dramaturges (Scudéry, Mairet…) et des théoriciens du théâtre régulier. Opposant pendant une année les partisans et les adversaires de Corneille, la Querelle du Cid confronte rapidement deux visions du théâtre, la critique théorique et livresque des doctes affrontant une conception du spectacle fondée sur le plaisir du spectateur et l’ouverture d’une voie nouvelle, partiellement affranchie des préceptes de La Poétique d’Aristote.

Près de deux siècles plus tard, la première représentation d’Hernani au Théâtre Français provoque une autre bataille célèbre, abondamment médiatisée à l’époque de la « civilisation du journal » et devenue l’emblème d’un conflit générationnel entre « classiques » et « romantiques ». Après la préface-manifeste de Cromwell (1827), dans laquelle il expose la théorie du drame romantique, et l’interdiction de Marion Delorme (1829), dont le deuxième acte rappelle la Querelle du Cid, la Bataille d’Hernani et les multiples témoignages qu’elle suscite dans la presse et la littérature du XIXe siècle semblent rejouer, dans un contexte historique différent, l’ambition d’ouvrir la voie à une esthétique théâtrale nouvelle reposant sur le mélange des registres et le brouillage des repères génériques et axiologiques. 

En étudiant ces deux pièces majeures du répertoire français et les intenses débats qu’elles ont suscité dans l’espace public, ce cours cherchera à interroger, en deçà et au-delà de la théorisation du théâtre classique, les enjeux esthétiques, éthiques et sociologiques de ces querelles déterminantes dans l’évolution du théâtre français entre le premier XVIIe siècle et le début du XIXe siècle.

Les œuvres au programme doivent impérativement être lues dans les éditions indiquées : plusieurs contrôles de lecture seront prévus au début du semestre. Une bibliographie critique sera distribuée lors de la première séance.

Lectures obligatoires (ces éditions uniquement, contrôles au début du semestre) :

Corneille, Le Cid [1637], éd. B. Donné, GF Flammarion, 2009

Hugo, Hernani [1830], éd. Florence Naugrette, GF Flammarion, 2018

Lectures complémentaires obligatoires (ces éditions uniquement) :

Corneille, L’Illusion comique [1635], éd. Jean Serroy, Gallimard, Folio Classique, 2000

Hugo, Ruy Blas [1838], éd. Sylvain Ledda, Garnier Flammarion, 2016

Gr. 4 M. Rumeau (Vendredi, 10h - 12h, Patio, salle 4419) :

La comédie de l’amour, du XVIIe au XIXe siècle : Molière (L’Ecole des femmes), Marivaux (La Double Inconstance, La Dispute), Musset (On ne badine pas avec l’amour, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée)

Succès de scandale, L’Ecole des femmes, qui s’étend sur cinq actes versifiés comme une « comédie sérieuse » mais en appelle à tous les ressorts gestuels et langagiers du rire farcesque, décrit rien de moins qu’une initiation amoureuse féminine devant le public parisien médusé. Sur fond de conflit générationnel entre les jeunes gens et les vieux barbons, la pièce ridiculise la figure du cocu prédestiné et engage une réflexion moderne sur le libre choix amoureux et le désir sexuel féminin, faisant écho aux débats des salons mondains sur les rapports de domination entre les sexes et les manifestations du sentiment amoureux. Si l’amour finit par triompher à la fin de la comédie, résistant aux manigances d’Arnolphe qui prétendait forcer le cœur d’Agnès, L’Ecole des femmes n’évoque pourtant ni le moment de sa naissance, ni l’épineuse question de sa nature. Comme l’explique Michel Deguy, l’amour, chez Molière, « a déjà duré et dure encore » : son surgissement intervient hors scène et « les amoureux ont assez à faire pour sa défense pour ne pas trop s’inquiéter de sa nature ».

Toute l’originalité du théâtre de Marivaux, au début du siècle suivant, consiste alors précisément à représenter sur scène la naissance et, parfois, la mort de l’amour, le moment de l’union et celui de la désunion, invitant à ne plus considérer le sentiment amoureux comme une donnée préexistant à l’intrigue mais bien comme une construction dont les modalités (genrées, sociales…) sont interrogées devant les spectateurs. C’est tout le propos d’une pièce de jeunesse, La Double inconstance (1723), dont l’intrigue décrit la décomposition puis la recomposition en parallèle de deux couples, et de La Dispute (1744), une pièce plus tardive dont le sujet rappelle certainement celui de L’Ecole des femmes, un Prince et sa favorite se livrant à une expérience en élevant deux jeunes hommes et deux jeunes femmes à l’écart de toute civilisation pour déterminer lequel des deux sexes est le plus prompt à l’inconstance.

Après la comédie marivaudienne, dont la critique a souvent relevé l’ambiguïté et la cruauté, le drame romantique et le proverbe mussétien questionnent, à la faveur d’un mélange entre les registres propre à l’esthétique romantique, la possibilité même de la déclaration dans un univers où la rhétorique convenue du cœur brouille l’expression authentique du sentiment, ouvrant la voie à une tragédie de l’impossible parole amoureuse qui hante le théâtre de Musset, d’On ne badine pas avec l’amour (1834) à Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845).

Les œuvres au programme doivent impérativement être lues dans les éditions indiquées : plusieurs contrôles de lecture seront prévus au début du semestre. Une bibliographie critique sera distribuée lors de la première séance.

Lectures obligatoires (ces éditions uniquement, contrôles au début du semestre) :

Molière (1 pièce) : L’Ecole des femmes [1662], dans L’Ecole des femmes - La Critique de l’Ecole des femmes, éd. Bénédicte Louvat-Molozay, GF Flammarion, 2022

Marivaux (2 pièces) : La Double Inconstance [1723], éd. C. Martin, GF Flammarion, 1999 et La Dispute [1744], Gallimard, Folio Plus Classique, 2009

Musset (2 pièces) : On ne badine pas avec l’amour [1834], éd. Gérard Gingembre, GF Flammarion, 2024 et Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée [1845], dans Comédies et proverbes – La Nuit vénitienne – Le Chandelier – Un caprice – Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, éd. Frank Lestringant, Gallimard, Folio Théâtre, 2010